Kindia : entre micro et rizière, le double engagement d’Ismaël Khatia Sylla
À Kindia, Ismaël Khatia Sylla conjugue journalisme et agriculture. Entre micro et rizière, il incarne une jeunesse fidèle à ses racines.
À Kindia, Ismaël Khatia Sylla conjugue journalisme et agriculture. Entre micro et rizière, il incarne une jeunesse fidèle à ses racines.
À Kindia, Ismaël Khatia Sylla mène une double vie singulière. Journaliste et fondateur de la page Khatia TV, il reste aussi fidèle à ses origines en cultivant chaque année la terre héritée de sa famille. Pour cette saison, il consacre deux hectares de bas-fond à la culture du riz, perpétuant une tradition familiale profondément ancrée.
« Le journalisme est ma passion, je le vis pleinement. Mais soyons honnêtes : ce métier, surtout à notre niveau, ne nourrit pas toujours son homme. L’agriculture me permet de rester debout, de financer mes projets, de m’équiper, et surtout de garder mon indépendance. Je ne fais aucun compromis sur mon travail journalistique parce que je sais que j’ai cette autre source de revenu qui est sûre et saine », confie-t-il.
Appuyé par ses frères, sa famille et des amis du village, Ismaël prend part aux premières étapes : préparation du sol, semis et aménagement du bas-fond. La surveillance est ensuite confiée à ses proches, mais il reste très impliqué. « Je reviens toujours dès que c’est nécessaire. Le champ reste une priorité, car c’est plus qu’un simple terrain cultivable : c’est une partie de mon histoire. Ce bas-fond, c’est l’endroit où mes parents ont travaillé toute leur vie. L’abandonner serait comme trahir leur mémoire. Alors, même si je suis à la radio ou sur le terrain pour un reportage, mon esprit reste attaché ici », explique-t-il.
Lorsque vient le temps du désherbage, étape décisive dans la culture du riz, il ne fait pas appel à des ouvriers isolés. À la place, il mise sur une « Kilé », une forme de travail collectif encore bien vivante dans certaines localités rurales. « Avec la Kilé, on travaille en groupe dans une ambiance de solidarité. Chacun aide l’autre, et on avance plus vite. C’est une pratique ancienne, mais très efficace. Elle renforce les liens entre nous, et ça me permet de participer activement malgré mes autres occupations », souligne-t-il.
Ce mode de vie, partagé entre journalisme et agriculture, fait de lui un exemple à part dans un contexte où de nombreux jeunes délaissent les champs pour migrer vers la ville. « Je veux montrer qu’on peut faire les deux. On peut être journaliste, influenceur ou même cadre, tout en restant agriculteur. L’un n’empêche pas l’autre. Au contraire, ça m’apporte de la stabilité et ça me permet d’exercer le journalisme avec plus de liberté et de conviction », affirme-t-il.
Entre micro et bas-fond, Ismaël Khatia Sylla prouve qu’il est possible de rester fidèle à ses racines tout en forgeant son propre chemin. Son parcours illustre une alternative inspirante pour une jeunesse souvent partagée entre traditions rurales et aspirations modernes.
Dobo Zoumanigui