Saréboido : l’école primaire Dembalel Boiro en ruine, plus de 900 élèves menacés…

Saréboido : l’école primaire Dembalel Boiro en ruine, plus de 900 élèves menacés…

À Saréboido, l’école primaire Dembalel Boiro, fondée en 1945, tombe en ruine. Toitures arrachées, manque d’enseignants et absence d’infrastructures mettent en danger l’avenir de 900 élèves.

Fondée en 1945, l’école primaire Dembalel Boiro de Saréboido, dans la préfecture de Koundara, est aujourd’hui au bord du déclin. Toitures arrachées, murs fissurés, manque criard d’enseignants et absence d’infrastructures de base, compromettent l’éducation de près d’un millier d’élèves. Les autorités éducatives locales tirent la sonnette d’alarme et appellent à une mobilisation générale pour sauver cet établissement historique, très utile à l’avenir de nombreux enfants de cette localité située dans l’extrême nord-ouest de la Guinée, à quelques kilomètres de la frontière avec la Guinée-Bissau.

Un patrimoine éducatif fragilisé par le temps

Située au cœur de la commune rurale de Saréboido, l’école Dembalel Boiro est l’un des plus anciens établissements scolaires de l’actuelle région de Boké. Créée en 1945, grâce aux enfants de l’ex-chef de canton, elle fut baptisée en hommage à ce dernier. « À l’époque, les bâtiments étaient en banco, mais les fondations en ciment et en pierre leur donnaient une certaine solidité. Avec le temps, les murs se sont fissurés et la toiture est devenue vétuste. L’État a construit trois nouveaux bâtiments, mais lors de ces travaux, quatre anciennes classes ont été démolies et seule une cinquième a continué à fonctionner. Aujourd’hui, même les constructions réalisées par l’État ne répondent plus aux normes », explique Yaya Boiro, Directeur sous-préfectoral de l’Éducation (DSE) de Saraboïdo.

Des conditions d’apprentissage intenables

Deux bâtiments dits « récents » sont désormais dans un état de dégradation avancée : murs fissurés, sols instables et toitures percées... À chaque pluie, le directeur doit sauver ses documents administratifs de justesse pour éviter leur destruction. « À la veille des derniers examens, un vent violent a arraché la toiture de plusieurs salles de classe. Les élèves n’ont pas pu composer sur place et ont dû être déplacés », ajoute-t-il.

Des bricolages pour sauver la rentrée

Face à l’urgence, la direction de l’école, l’Association des parents d’élèves et amis (APEA) ainsi que les autorités locales ont entrepris des réparations de fortune : bois récupéré, vieilles tôles rafistolées, classes provisoirement consolidées. Mais ces solutions demeurent précaires. « Nous plaidons auprès des ressortissants, des autorités et des bonnes volontés pour une véritable réhabilitation, notamment du bâtiment qui accueille la première année », insiste le DSE.

Des défis multiples : sécurité, eau, latrines et enseignants

Outre la vétusté des salles, l’établissement souffre d’un manque criant d’infrastructures essentielles. Située au centre du chef-lieu de la sous-préfecture, elle partage son enceinte avec la gare routière et se retrouve envahie par le marché les jours d’activités. Mécaniciens, menuisiers et commerçants s’installent tout autour, perturbant le déroulement des cours. « La première urgence, c’est une clôture pour sécuriser l’école. Ensuite, il faut un forage : actuellement, les élèves parcourent des kilomètres chaque matin pour ramener de l’eau. Quant aux latrines, elles sont insuffisantes et presque hors d’usage », déplore Yaya Boiro.

À cela s’ajoute un manque dramatique d’enseignants. Pour encadrer 12 groupes pédagogiques de 80 à 90 élèves chacun, il faudrait 12 maîtres en plus du directeur. « Ce dernier devrait bénéficier d’un suppléant pour alléger sa charge. Actuellement, ce sont parfois les maîtres de la semaine ou même le gouvernement des enfants qui viennent l’appuyer », souligne-t-il.

L’appel pressant de la communauté éducative

En dépit des conditions jugées insoutenables, les autorités locales exhortent les parents à maintenir leurs enfants à l’école. « Nous demandons aux parents de comprendre la situation et de se sacrifier pour préserver l’éducation de leurs enfants », lance le DSE, M. Boiro, le cœur noué.

Un avenir incertain pour les 900 élèves

À quelques jours de la rentrée scolaire, fixée au 06 octobre 2025, à Saraboïdo, elle se fera une nouvelle fois dans l’incertitude. L’école Dembalel Boiro, pilier de la formation de plusieurs générations dans cette sous-préfecture, attend toujours une réponse concrète des autorités et des partenaires éducatifs. Son avenir déterminera celui de centaines d’enfants, privés aujourd’hui des conditions minimales pour apprendre et espérer un meilleur lendemain. « Nous sollicitons l’État, les ONG et toutes les bonnes volontés. L’école Dembalel Boiro est la plus grande de la sous-préfecture et accueille près de 900 élèves. Sans aide, nous risquons une année scolaire catastrophique », alerte Yaya Boiro.

Le coût total de la réhabilitation des bâtiments, de la direction et des latrines, est estimé à plus de 107 millions de francs guinéens, selon le devis que nous avons pu consulter. Les autorités éducatives de Saréboido espèrent l’intervention de l’Etat et la contribution des personnes de bonne volonté, y compris de la communauté, pour sauver cette école mythique.

Ousmane Camara