En Guinée, le mini-foot défie le règne du football classique

En Guinée, le mini-foot défie le règne du football classique

Le mini-foot prend son envol en Guinée ! Pour la première fois, l'équipe nationale participe à la CAN 2025 en Libye. Plongée au cœur d'une passion populaire née dans les quartiers de Conakry.

En Guinée, pays où le football à onze règne en maître, une autre forme de jeu déchaîne les passions : le mini-foot. Aussi appelé “Bundes”. Cette discipline dynamique et accessible séduit de plus en plus de jeunes, plus précisement dans les quartiers populaires de Conakry. Pour la première fois, l'équipe nationale de mini-foot s'apprête à participer à la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), prévue ce mois de juillet 2025 en Libye.

Nous sommes au stade Petit Sory de Nongo, dans la banlieue de Conakry. Il est 23 h. Et alors que la ville retrouve son calme, une équipe affûte ses armes pour cette échéance majeure. C'est l'équipe nationale de Guinée, qui se prépare activement pour sa première CAN. À l'issue d'une rencontre amicale maîtrisée, le Syli mini-foot s’est imposé sur un score convaincant de 7-2. 

Abdoul Aziz Sow, sélectionneur de l’équipe, se réjouit de la performance de ses joueurs. « C'est une mise à niveau qui va nous permettre de mieux aborder la compétition. Je suis très satisfait, honnêtement, par rapport à ce groupe, parce que ce sont des gens qui n'ont jamais joué ensemble. Il n'y a jamais eu de championnat de mini-football [en Guinée] », se réjouit-il, avant d’ajouter que ses joueurs « se sont un peu habitués aux règles du jeu, à la façon de jouer ».

Une sélection basée sur le mérite

Dans un pays où le football classique est roi, nombreux sont ceux qui ont opté pour le mini-foot, une discipline omniprésente dans les rues de Conakry. Cette popularité rend la sélection des joueurs particulièrement difficile. Cependant, pour le sélectionneur, la transparence a été le maître mot. « Les joueurs qui ont été retenus l'ont été par mérite. C'est à l'issue d’un processus de sélection rigoureux qu'ils ont été choisis », indique Abdoul Aziz Sow.

La Guinée participe depuis quelques jours à sa toute première CAN senior de mini-foot en Tunisie. Pour Abdoul Aziz Sow, se libérer de la “dictature” du football classique n’est pas chose évidente, même si, à la base, certains ont commencé la pratique du football à ce niveau. « On est dans un pays où le foot à 5, notamment appelé “Bundes”, prévaut désormais plus que le foot à 11. On a plus de terrains de Bundes que de terrains de foot à 11. Donc, ce n’est pas une discipline qu’ils découvrent en soi. C’est juste la réglementation qui va être différente : la taille des cages, la longueur du terrain. Sinon, le jeune footballeur guinéen sait jouer au Bundes. C’est le premier sport qu’on pratique en matière de foot, avant de découvrir le foot à 11 », ajoute le sélectionneur.

Se libérer du poids du football classique

Exister pour le mini-foot dans un pays où le football classique offre plus d’opportunités n’est pas chose aisée. Pour Macka Bah, vice-président de la Fédération guinéenne de mini-football, c’est un défi que son équipe espère bien relever. « On est dans un pays où le football classique, c’est-à-dire le football à 11, est le plus prisé, car il est généralement le plus soutenu par la majorité », souligne-t-il.

Exister pour une fédération qui vient à peine d’être créée est un vrai challenge. Malgré des moyens limités, le vice-président se montre ambitieux. « Il faut savoir que la fédération est toute jeune. Elle a été créée cette année. Donc, évidemment, on allait rencontrer des difficultés, notamment au niveau du financement. Mais on est animés par la passion. Si on ne suivait que les rapports financiers, aucun d’entre nous ne serait présent aujourd’hui. On a essayé de faire avec les moyens du bord », explique le vice-président.

Une transition pas toujours facile

La transition n’a pas été facile pour tous. Après avoir pratiqué le football classique durant une partie de leur carrière, de nombreux joueurs ont opté pour le mini-foot. Parmi eux, Mohamed Chérif Camara, milieu de terrain prometteur, qui se montre ambitieux. « On s’entraîne bien. En ce qui concerne la CAN, l’équipe s’est bien préparée. Nous sommes prêts à tout donner pour rendre fiers la Guinée et les Guinéens. Nous nous battrons pour ça », promet le joueur.

Le mini-foot cherche sa voie face au football classique, qui offre plus d’opportunités. Mais son enracinement profond dans les quartiers en fait une discipline en pleine expansion. Avec l’opportunité de disputer la CAN, la Guinée a l’occasion de prouver qu’elle peut aussi briller sur la scène continentale dans cette discipline en pleine ascension.

Mamadou Gongorè Diallo