Mariama Aisha Barry : « La Fondation Salim est née de l’amour d’une mère pour sa fille autiste »

À la tête de la Fondation Salim pour les enfants autistes, Mariama Aisha Barry mène un combat essentiel pour la reconnaissance, l’inclusion et la prise en charge de l’autisme en Guinée. Installée en Irlande, cette assistante sociale spécialisée dans la protection de l’enfance a fait de son expérience personnelle une force pour les autres. Elle revient pour IdimiJam.com sur son parcours, ses motivations et les ambitions de sa fondation.

IdimiJam.com : Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous parler de votre parcours ?

Mariama Aisha Barry : Je m'appelle Mariama Aisha Barry. Je suis assistante sociale de profession, spécialisée dans la protection de l’enfance. Je vis en Irlande, où je travaille comme facilitatrice et superviseure, en accompagnant des personnes en situation de handicap mental.

Mais avant tout, je suis maman d’une jeune adulte autiste. C’est cette expérience personnelle, intense et parfois douloureuse, qui a profondément influencé mon parcours, tant personnel que professionnel.

Qu’est-ce qui vous a motivée à créer votre fondation, et quelle est sa mission principale ?

C’est en vivant l’autisme au quotidien, d’abord en Guinée puis ailleurs avec ma fille, que j’ai pris conscience du manque d’information, de structures et d’accompagnement pour les familles. L’autisme reste très peu connu en Guinée, entouré de préjugés, de stigmatisation, et surtout d’un grand isolement pour les parents.

En 2024, j’ai officiellement créé la Fondation Salim pour les enfants autistes. Sa mission est triple : soutenir les enfants autistes et leurs familles, sensibiliser la société guinéenne, et plaider pour une prise en charge adaptée et un système éducatif réellement inclusif.

Quels types de projets ou d’actions avez-vous déjà réalisés à travers cette fondation ?

Depuis sa création, la fondation a déjà :

• Organisé deux éditions de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme à Fria ;
• Conduit des campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux, y compris à la télévision nationale ;
• Mis en place un accompagnement moral pour les parents, en leur offrant un espace d’écoute et de dialogue ;
• Établi des contacts avec des spécialistes internationaux de l’autisme, notamment lors du congrès Autisme Afrique au Maroc, en avril 2024.
  

Quels sont vos objectifs ou projets à venir ?

Nous avons plusieurs projets à court et moyen terme…

D’abord, en septembre 2025, la fondation participera au congrès Autism Europe à Dublin, ce sera une étape importante pour renforcer notre réseau et nos compétences.

Ensuite, en décembre 2025, nous organiserons une formation de trois jours sur l’autisme en Guinée, destinée aux professionnels, parents et bénévoles, avec la participation d’intervenants spécialisés venus de l’étranger.

Enfin, nous souhaitons poser les premières bases d’un centre spécialisé pour enfants autistes en Guinée, un espace adapté à leurs besoins éducatifs, sociaux et émotionnels.

Et bien sûr, nous continuerons à sensibiliser, informer et fédérer. Car le changement passe par l’éducation collective.

Comment les gens peuvent-ils vous soutenir ou s’impliquer dans votre démarche ?

Il existe plusieurs manières de nous soutenir :

• En contribuant financièrement, même par de petits dons ;
• En devenant membre ou bénévole de la fondation ;
• En relayant nos publications sur les réseaux sociaux pour sensibiliser un plus grand nombre ;
• Et surtout, en adoptant un regard bienveillant sur la différence.

J’ai créé la Fondation Salim en hommage à ma fille Salimatou. Parce qu’elle a été rejetée, je veux que d’autres enfants soient acceptés, aimés et accompagnés. La Fondation Salim est née de cet amour, et elle est dédiée à tous les enfants différents en Guinée.

Propos recueillis par Alpha Oumar Baldé